Entreprendre et investir pour sauver l’Agriculture Française
Cela fait maintenant 4 ans que j’ai rangé mes bottes d’agriculteur pour me consacrer à l’accompagnement de start-up du secteur agricole. Je ressentais alors le besoin de contribuer à moderniser les exploitations (et les mentalités) pour faire face aux enjeux de production durable, en s’appuyant sur les entrepreneurs de la tech.
Aujourd’hui, comme le rappelle le GIEC, ces enjeux deviennent encore plus prégnants et je pense qu’il est vital d’accélérer le mouvement :
Comment répondre aux enjeux de sécurité alimentaire et nourrir une population grandissante ?
Comment limiter l’ impact environnemental de la production agroalimentaire sur la biodiversité et la raréfaction des ressources ?
Comment mitiger les effets du réchauffement climatique : émettre moins de gaz à effet de serre et capter plus de carbone ?
C’est pour cette raison qu’avec Olivier Tilloy, nous avons pris la décision de lancer Jeriko, une marque qui rappelle le combat éternel de nourrir l’humanité et qui permettra à tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat pour une alimentation durable, de se regrouper afin d’investir ensemble pour plus d’impact.
L’objectif de Jeriko est simple : réunir des investisseurs (business angels, family offices, entreprises) sensibles aux enjeux de la transition alimentaire, identifier les meilleurs projets dans l’agtech et la foodtech (en France et en Europe), les financer et les accompagner pour développer un réel impact sur la filière.
Pour cela, nous mettons sur pied une communauté d’experts engagés sur de nombreux domaines qui vont du champs à la poubelle (en passant par l’assiette 😉) pour une vision globale des interactions entre tous les maillons de la chaîne alimentaire.
En synthèse :
Jeriko s’adresse à tous ceux et celles qui souhaitent contribuer en direct, sans intermédiaire et sans filtre à faire évoluer notre chaîne alimentaire vers un modèle plus durable.
Nous croyons au changement climatique et notre façon de mitiger ses effets est d’investir dans l’innovation et l’entrepreneuriat.
Nous croyons aussi qu’une bonne dose de sobriété n’est pas non plus une mauvaise idée. C’est pourquoi nous travaillons essentiellement en visio avec tous les entrepreneurs et les membres de la communauté. (On fera quand même quelques exceptions pour partager des moments ensemble).
On ne fait pas de politique, on ne soutient pas le greenwashing, on essaie d’être factuel et de ne pas se laisser entraîner par nos a priori ou par les modes passagères et on prend soin que les membres de notre communauté partagent ces mêmes caractéristiques.
Nous ne savons pas si nous réussirons à faire de la croissance verte mais nous nous efforçons de construire l’alimentation la plus vertueuse possible. Quant à la décroissance, il se peut qu’un jour on n’ait plus d’autres options… Alors Jeriko aura perdu son combat.
(N’oublions pas que la France du début du 19e était en train de faire disparaître tous ses arbres avant que le charbon n’offre une nouvelle source d’énergie ! et permette à la forêt de se régénérer. )
Aux acteurs traditionnels de la chaîne alimentaire, nous leur disons : « la transition alimentaire fait peser des menaces sur vos entreprises. Vos modèles économiques doivent intégrer les nouvelles exigences de durabilité ou vous prenez le risque que votre organisation avance dans cette transition de manière forcée. Dans ces conditions, vous n’obtiendrez rien de bon »
J’invite donc les chefs d’entreprise, les dirigeants et tous ceux qui veulent agir, à rejoindre notre communauté d’investisseurs et à s’ouvrir sur les nouvelles opportunités de l’écosystème Agri-Foodtech qui sera lui “Digital & Sustainable Native ». Vous y puiserez l’inspiration et la force pour transformer vos organisations par la suite et dans le temps.
Il s’agit pour moi d’un nouveau combat qui s’inscrit dans la continuité d’une vie d’entrepreneur en Agriculture.
Retour en arrière…
J’ai fondé Agrolito en 1996 et développé pendant 20 ans ses activités autour de la production de salades en plein champs sur 3 sites : la ferme familiale en Normandie, une structure en Espagne pour l’hiver complétée par une structure en Tunisie afin de fournir des salades fraîches toute l’année aux industriels spécialisés dans le conditionnement et la distribution sur toute l’Europe (Florette, Bonduelle…)
J’ai choisi de lancer le site Tunisien en 2005 pour diversifier les risques suite à un hiver anormalement froid en 2003 qui avait réduit la disponibilité de salades de 50% et parce que les ressources en eau de l’Espagne étaient en tension avec des réserves souterraines infiltrées par l’eau de mer suite à leur surexploitation et des approvisionnements d’eau de surface issus du détournement des fleuves (canal du tajo-Segura) soumis au bon vouloir des autorités régionales et donc avec des coupures d’approvisionnement. (A l’époque, on ne parlait pas encore de changement climatique et la pression écologique était naissante en Espagne mais je percevais des risques sur le système intensif espagnol)
L’origine tunisienne offrait aussi une logistique en ferry de Tunis à Gènes ce qui permettait de diminuer fortement l’impact carbone de la logistique.
Enfin, avec 90% des salariés d’Agrolito Espagne originaires du Maroc, il me semblait évident que créer du développement économique dans le Maghreb était un bon point pour rapprocher cette région de l’Europe et apaiser les tensions.
C’est avec ces arguments d’agriculture plus durable que j’ai convaincu Albert Alsina et le Fonds Mediterranea Capital Partner basé à Barcelone de nous rejoindre en 2009.
Les clients historiques nous ont suivi sur l’origine tunisienne dès 2005 et j’ai eu l’occasion d’accueillir Mc Donalds à plusieurs reprises sur notre ferme, qui a demandé à ses fournisseurs (nouveaux clients) d’orienter une partie de leur approvisionnement d’hiver vers cette zone.
Malheureusement, la révolution de 2011 et l’hostilité des gouvernements successifs vis-à-vis d’Agrolito Tunisie (créé avec le soutien de l’administration de Ben Ali) n’ont pas permis de pérenniser l’activité. (plus de 500 ouvrières sont restées sans emploi suite au non renouvellement du bail agricole par l’état tunisien)
Avec un peu de recul, et fort de l’expérience du fonds Mediterranea, j’ai donc lancé mes activités d’investissement avec Carem Impulse à partir de 2017 pour continuer à innover et à entreprendre en lien avec l’agriculture.
J’essaie de chercher prioritairement des agriculteurs porteurs de projets innovants, mais je trouve que les projets sont rares (ou c’est moi qui ne suis pas arrivé à les identifier…). Finalement, il me semble plus simple d’aider des entrepreneurs avec un regard neuf et de leur transmettre mes connaissances sur le secteur.
En 2019, je rencontre Olivier, l’un des fondateurs de Techmind, spécialiste du Venture Capital en early stage et déjà très sensible aux sujets d’alimentation (ils avaient investi dans Yuka par exemple et s’intéressaient notamment aux fermes urbaines). Nous nous croisons sur un tour de table, initions une collaboration et mettons en place une stratégie d’investissement sur la verticale Agri-Foodtech.
6 investissements sont réalisés en 2020 et 2021 sous forme de Club deal impliquant 50 Business Angels (dont 30 de nos réseaux) et permettant un effet levier de 20x ! Et au passage, déjà de belles performances.
On constate que peu de dossiers Agtech arrivent à séduire des Business Angels généralistes. Les fonds n’y vont pas non plus au vu de la taille du tour et du risque.
On constate aussi que la France est très en retard vs le reste du monde en agtech, que les entrepreneurs ont un besoin énorme d’accompagnement (en complément des accélérateurs), et on commence à constituer une communauté d’experts pour disposer de ressources spécialisées capables d’intervenir sur des verticales très spécifiques.
Au fil des rencontres et des discussions, les convictions se forgent : il faut agir plus fort et plus vite : on lance Jeriko !
Si vous voulez rejoindre le mouvement, n’hésitez pas à nous écrire (emmanuel@jeriko.vc ou olivier@jeriko.vc) ou à consulter notre site.